Le récent accident d'un train de marchandises près de Schellebelle/Wetteren rouvre, une fois de plus, le dossier relatif à la sécurité du rail en Belgique.
Au lendemain de la catastrophe de Buizingen, la Chambre s'est penchée sur le sujet au travers d'une commission spéciale consacrée à la problématique de la sécurité du rail ; cette commission parlementaire a tiré des conclusions assez accablantes pour le monde politique des années 80 et 90 et la SNCB de l'époque pour les manque d'investissements, les changements continuels de 'philosophie' en matière de sécurité, … Cette même commission a émis de nombreuses recommandations dont l'installation rapide d'un vrai système de sécurité sur l'ensemble du réseau ferré belge et des motrices ; ce système devant être du type 'européen' (standard ERTMS/ETCS) pour pouvoir être imposé également à l'ensemble des opérateurs (d'abord de fret, dans quelques années, aussi de transport de passagers) qui empruntent le réseau ferré belge.
Depuis lors, le groupe SNCB a fait des plans, des projets, établi des budgets et a décidé d'installer très rapidement (en voie de finition) le système belgo-belge d'aide à la conduite, le TBL1+ sur l'essentiel du réseau et l'ensemble des motrices ayant une espérance de vie d'encore au moins quelques années. Le TBL1+ a deux inconvénients majeurs :
– il ne freine le convoi que si, à 300 m d'un signal rouge, la motrice roule à plus de 40km/h, ce qui n'empêche pas toujours, loin s'en faut, le train de dépasser le signal voire le 'point dangereux' (aiguillage), son efficacité est donc plus que limitée ("mais c'est mieux que rien" diront certains optimistes)
– comme il s'agit d'un système belgo-belge, il ne peut être imposé aux opérateurs étrangers empruntant notre réseau ferré (contrairement à l'ETCS, système européen harmonisé qui peut être imposé à TOUS les opérateurs)
D'aucuns, opposés par idéologie/dogmatisme à toute forme de 'libéralisation' de services qu'ils estiment devoir rester dans le giron de l'Etat tout-puissant, invoque cette libéralisation pour justifier les accidents alors qu'en fait, c'est un manque de volonté politique, une opposition à cette libéralisation qui a retardé la prise des bonnes décisions en matière d'équipement du réseau ferré belge.
Aujourd'hui, le marché du transport de fret est ouvert à la concurrence et un certain nombre d'opérateurs empruntent nos lignes ferroviaires, en 2019, ce sera l'ensemble du transport ferroviaire qui sera totalement ouvert MAIS, SI TOUT VA BIEN (ce sont les prévisions actuelles mais comme on sait que, par le passé la SNCB ou le groupe SNCB ne les a jamais respectées), il faudra attendre 2022 (au plus tôt) pour voir l'ensemble du réseau belge équipé de l'ETCS … MAIS, car il y a un autre mais, seules les lignes les pus importantes seront équipées – toujours selon les plans et budgets actuels- du vrai système ETCS permettant de ralentir le train bien avant le signal, le point dangereux, les autres seront équipées d'une version 'light' du système, l'ETCS Limited Supervision qui, fonctionnellement, est identique au TBL1+ mais est harmonisé au niveau européen ; cette sécurité au rabais est inacceptable !
Suite à ce nouvel accident, il est plus qu'évident qu'il faut DE TOUTE URGENCE, équiper les 'corridors fret' de l'ETCS Full Supervision de manière à pouvoir l'imposer à TOUS les opérateurs frets et améliorer ainsi la sécurité de notre réseau et donc de nos concitoyens ! Qui OSERA s'opposer à cette idée ? Qui décidera que la sécurité de nos concitoyens ne psse pas avant toute autre considération ?
Pour plus d'infos sur le système de sécurité ferroviaire européen : http://www.ertms.net/ (en anglais)